Mario, le célèbre plombier moustachu de Nintendo a profondément marqué le monde du jeu vidéo et de la pop culture, mais aussi le rap et les punchlines de tes rappeurs préférés.
Mario. Ah Mario… tout le monde connaît Mario. Personnage historique de la société de jeux vidéo japonaise, Nintendo, le plombier moustachu Italien est l’une des premières mascottes de l’histoire du dixième art. Né de l’esprit génial de son créateur Shigeru Miyamoto, dit le « Steven Spielberg du jeu vidéo », Mario a dès son arrivée dans nos consoles et machines d’arcades, conquis le cœur des joueurs du monde entier, mais aussi du rap et des rappeurs. S’ils sont nombreux à avoir pris part à ses aventures sur console, certains MC en gardent des souvenirs inoubliables et n’ont pas manqué de lui rendre hommage dans leurs morceaux et leurs punchlines.
Faut-il vraiment présenter Mario ? Pour les incultes et ceux qui, éventuellement, auraient hiberné ces trente-cinq dernière années, Aujourd’hui, sachez que Mario, c’est un peu le Mickey du jeu vidéo. Il est partout et est un héros multifonction. D’abord cantonné au genre du jeu de plateforme en deux dimensions, il a très vite élargi sa palettes de compétences. Ne vous fiez pas à sa dégaine de quadragénaire en salopette et à sa bedaine plutôt bien entretenue, en plus d’avoir sauvé à de multiples reprises la princesse Peach des griffes de Bowser, la grosse tortue dinosaurifiées chelou, Mario est un grand sportif. Durant ses 35 ans d’existence, il a brillé dans de multiples disciplines : kart, golf, tennis, basket, foot, dance… Le gars a même été sélectionné à plusieurs reprises pour les Jeux olympiques.
Et si je vous disais que Mario avait même carrément déjà rappé ? Les plus anciens s’en souviennent : le générique de la série animée Super Mario Bros diffusée en 1989 proposait une performance rapologique quelque peu… Déroutante. Malgré cette erreur de parcours évidente, nos rappeurs français n’ont jamais hésité à le citer dans leurs textes. Pas pour honorer ses talents au micro, mais bien pour rendre hommage à ses fantastiques aventures. En même temps, avec un univers aussi barré que le Royaume Champignon, il y a forcément de quoi faire niveau inspiration.
Orelsan et Gringe, les Mario et Luigi du rap français
Parmi les exemples relativement récents, on pense forcément à Orelsan. Son dernier album en date, La fête est finie, sortie en 2017 s’ouvre littéralement sur une punchline en son honneur. Est-ce réellement une surprise quand on connaît l’amour et la passion du rappeur de Caen pour les jeux vidéo, encore plus les jeux retro. Dans son titre d’ouverture « San », Orel prend le micro et débite cette phrase sur les notes de piano mélancoliques de Skread : « J’suis dans le premier Mario, à chaque fois qu’jcrois qu’jai fini le jeu, ça repart à zéro ».
Mario a beau être explicitement cité et nommé, on a ici une référence de geek pas si évidente. En effet, dans Super Mario Bros, le premier jeu de la série Super Mario étant sorti sur NES en 1985, à chaque fois que le joueur battait Bowser au fin fond de son château, le jeu rebootait et la partie reprenant au monde 1. De plus, on ne pouvait pas sauvegarder notre partie à l’époque. Autrement dit, à chaque nouvelle session de jeu et à chaque fois qu’on redémarrait la console, il fallait recommencer le jeu du début, comme si c’était la première fois. Tout comme Orelsan qui a chaque accomplissement important de sa vie, à chaque nouveau boulot de merde qui se succède, à l’impression de devoir immédiatement repartir au combat. Parce que la vie est un éternel recommencement, c’est le genre de cercle vicieux qui donne envie de tout faire sauf de mourir vieux comme dirait l’autre.
Mais comment parler d’Orelsan sans évoquer son team mate des Casseurs Flowters, Gringe ? Pour sûr que les deux potes d’enfance ont passé du temps à jouer à Mario ensemble tant ils aiment tout deux faire référence au bro de Luigi. Dans le célèbre morceau du duo, « Inachevé », morceau phare du biopic Comment c’est loin », Gringe balance une punchline aussi fine qu’inspirée : « J’suis comme Mario la tête dans les nuages, à la recherche d’une vie cachée ».
Qui a déjà joué à Mario au moins une fois dans sa vie sait qu’on peut trouver des vies et autres niveaux cachés dans les nuages après avoir escaladé un haricot magique. Me demandez pas pour quoi, c’est comme ça, c’est magique… M’enfin bon, si les nuages font penser au Paradis, cette punchline en dit long sur l’état d’esprit morose du rappeur de Cergy. Incapable de faire face aux contraintes de la vie et de trouver les réponses à ses questions, il s’en remet à son imagination et cherche désespérément un moyen d’obtenir une seconde vie, pour rebondir s’offrir un avenir meilleur. Ce qu’il aura finalement obtenu en devenant, force de talent et de caractère, un rappeur et auteur à succès.
Mario, symbole de la suprématie de Booba
Et puisque Orelsan et Gringe restent l’un des duos les plus iconiques, du rap français, on fait forcement le parallèle avec les frères Mario et Luigi. Etonnement, les Casseurs Flowters n’ont jamais osé la comparaison avec les deux frères plombiers. Sûrement parce que dans l’imaginaire collectif, Luigi a toujours été dans l’ombre de la superstar Mario. Affirmer sa supériorité de l’un par rapport à un autre, voilà quelque chose que les rappeurs aiment faire lorsqu’ils sont pris d’un élan d’égotrip. C’est par exemple ce qu’a fait Booba en s’adressant à ses détracteurs dans son morceau « Jimmy deux fois », extrait de son album de 2010, Lunatic. « J’suis Super Mario, t’es Luigi, Luigi« . Ici pas d’ennemi explicitement cité, c’est tout le monde sans distinction que le Duc met dans le même sac. Le boss, c’est lui et les autres sont fatalement relégués au second plan.
Bon ok, Luigi n’a peut-être pas l’aura d’un Mario dans le cœur des joueurs et des rappeurs, mais n’oublions pas quand même que le bougre, en plus d’apparaître dans tous les jeux de son frère, se paie le luxe d’avoir une série de jeux en son honneur, les lugubres et délirants Luigi’s Mansion. Et ouai les gars, vous pouvez lui cracher dessus, il s’en fout, Luigi a un manoir à son nom et rien qu’à lui ! Pour sûr qu’on pourrait faire des bêtes de soirées et tourner des méchants clips de rap dedans.
Sur un kart, balle au pied ou en aventure dans le Royaume Champignon, Mario et toute sa clique font rêver et inspirent le rap depuis déjà plus de trente ans. On n’en a pas parlé mais beaucoup de rappeurs se plaisent à comparer les pièces récupérables dans Mario à la moula qu’ils se font en engrangeant des streams ou avec la bicrave. Bref, Mario et le rap, c’est une grande histoire d’amour. Etant donné qu’on y joue encore aujourd’hui et que les jeux Mario sont toujours aussi kiffant, le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter.